C’était déjà une source de confusion pour tous lorsque les organisateurs avaient annoncé que le festival se tiendrait dans le parc Chaoyang, le plus grand de la ville, au cours de la semaine de congés, rallongée en l’honneur des célébrations du 60ème anniversaire du Parti communiste chinois. La simple perspective de groupes étrangers, comme le mythique groupe punk des années 70, The Buzzcocks, participant officiellement à l’anniversaire du régime était quelque peu surprenante. Mais tous s’étaient convaincus que la Chine faisait des progrès en terme de commercialisation de la musique rock.
Avec ces 55 groupes, dont 14 de renommée internationale, l’édition 2009 du Modern Sky Music Festival promettait un rassemblement exceptionnel d’artistes rock. Les organisateurs, la société Modern Sky Entertainment créée en 1997, possède LE label chinois, Modern Sky Record qui détient la plus grande part du marché de la musique rock du pays. Un facteur clairement responsable de l’ampleur du festival prévu cette année.
Mais le 1er octobre, alors que Pékin lançait son spectaculaire étalage militaire, le directeur Shen Lihui reçoit un appel du Bureau de la Sécurité Publique du quartier de Chaoyang lui indiquant que les groupes étrangers ne seraient pas autorisés à se produire. Les organisateurs avaient pourtant fièrement insisté sur le fait ‘qu’au moins la moitié des groupes sur la scène principale serait étrangers’. La raison invoquée à ce changement de dernière minute : ‘des circonstances imprévues’. Allez comprendre, le gouvernement a simplement changé d’avis. Le festival a tout de même eu lieu, à prix réduit.
Du coup, ce sont les groupes rock et punk chinois qui se succèdent sur la scène principale du festival. Et pas des moindres! Car au cours de la dernière décennie, la scène rock chinoise s’est extrêmement diversifiée. De Second-Hand Rose au groupe montant de rockabily DH & the Chinese Hellcats en passant par New Pants et P.K.14, le festival a tout de même satisfait les 2 000 spectateurs présents chaque jour : ‘Je suis un peu déçue que les groupes étrangers ne soient pas là, mais je ne pouvais pas manquer ce grand festival rock’, explique Lili avant d’ajouter ‘j’adore !’.
Alors même si on doit s’adapter à une organisation chinoise de ce Woodstock pékinois qui interdit la cigarette et ne vend pas de bière, on profite du spectacle. Et parmi les stands des sponsors tel que Converse ou Diesel, on s’implique à la paix sur terre et on se laisse photographier sur un lit sur fond de John Lennon et Yoko Ono. 2009, ou quand le rock s’invite aux célébrations de la fête nationale.