Chongqing II : le méga procès antimafia

In by Simone

Li Qiang, un homme d’affaire milliardaire se trouvait parmi ces 27 ‘disciples’ et trois officiels supposés, accusés d’avoir participer à des activités mafieuses. Surnommé le deuxième homme le plus riche du district de Banan, Li était adjoint au Congrès du Peuple de la ville jusqu’à son arrestation à la fin du mois de juin. 

Au cours du procès qui, selon les autorités, pourrait ne durer que cinq jours, Li Qiang tient le rôle du chef de gang, l’un des quatorze arrêtés dans une campagne massive anti-corruption. Détenu depuis fin juin, il est jugé par la Court Intermédiaire du Peuple de la municipalité de Chongqing, dans un nouveau procès qui passionne l’opinion publique chinoise. 

C’est menotté, vêtu d’une veste orange et le moral au plus bas que Li a été amené hier à la Court. ‘Le procès commence trop tôt. Mes avocats ont besoin de plus de temps pour rassembler des preuves’, s’est plaint Li, 51 ans, la voix faible, a rapporté Xinmin Evening, un journal basé à Shanghai. 

L’homme d’affaire fait face à neuf chefs d’accusations parmi lesquels organisation et gestion d’un gang criminel, gestion d’entreprises illégales, perturbations des transports et de l’ordre public, dissimulation de documents comptables, corruption et fraude fiscale. Des charges graves aux yeux de la loi chinoise. Li a reconnu avoir géré des entreprises illégales et d’avoir dissimulé des documents comptables mais plaide non coupable pour les accusations de crime organisé, précisant qu’il n’a été informé par ses subordonnés qu’une fois les accusations déposées. 

L’homme d’affaire serait prétendument le cerveau de la grève massique impliquant environ 8 000 chauffeurs de taxi en novembre dernier. Propriétaire d’une des cinq sociétés de taxi de la ville, il n’aurait pas seulement ordonné à ces chauffeurs de cesser le travail mais également envoyé dans les rues des dizaines de ‘gangsters’ détruire les taxis et tabasser les chauffeurs qui continuaient à opérer. Des protestations similaires s’étaient déclenchées dans d’autres villes du sud de la Chine tel que Sanya, à Hainan, Canton et Chaozhou dans le Guangdong. 

Certains observateurs s’inquiètent que l’élimination de Li dans l’industrie pourrait faire place à d’autres syndicats criminels dans la municipalité. 

Trois officiels sont jugés aux côtés de Li Qiang, accusés de lui avoir servi de ‘parasol de protection’ pour la somme de 675 000 yuans en dessous-de-table : Xiao Qinglong, directeur de l’administration des communications et des transports du quartier de Shapingba ; Jiang Hong, directeur de l’administration des transports routiers du quartier de Banan et Jiang Chunyan, officiel de moyen niveau auprès du bureau des pétitions et des appels dépendant du gouvernement municipal de la ville. 

Parmi les 31 accusés jugés hier, se trouvait également Wu Shuqin, la femme de Li et ses deux beaux-frères, Wu Shufeng et He Yonghong. D’autres membres actifs du gang mafieux, sont poursuivis pour meurtre et séquestrations. 

Le gouvernement central, qui a pour habitude de ne pas ébruiter ce genre de procès, médiatise fortement celui de Li Qiang et de ses 30 complices dans le but de montrer au public chinois les actions prises contre la corruption qui ronge le pays.